“Ce moment où le sommeil s’échappe et le corps s’éveille est une zone de non-conscience, une sorte de check-list qui se met en marche. C’était lors d’un safari en Afrique avec un groupe d’amis. Nous étions dans des tentes bien aménagées en pleine savane au Kenya. La nuit avait été parfaite. Rapidement, on prend conscience qu’on n’est pas chez nous, que les bruits et les parfums sont différents. Sans bruit, je me lève et je dénoue le lacet de la tente militaire. Mon corps se fige totalement, devant moi une famille de lions endormis. Les lions du Maasai Mara
L’un des plus gros prédateurs de cette terre avait partagé notre campement ! À la question “qu’est-ce qui a déclenché le souvenir ?”, ce sont bien mes yeux qui ont envoyé à mon cerveau une décharge de 100 000 volts. Finalement, au-delà de l’image, c’est certainement le battement de mon cœur dans ma poitrine dont je me rappelle le plus. Je me vois encore regarder le soulèvement de mon t-shirt tellement il battait fort.
La fin de l’histoire ?
Dans un mouvement d’une infinie lenteur, je suis retournée dans ma tente et je me suis assise sur le lit de camp qui a fait un bruit de grincement terrible. Et je suis restée jusqu’à ce que j’entende quelqu’un d’autre se lever et sortir de sa tente. Décelant une activité normale, je suis ressortie, le campement était vide, les lions étaient partis sans que j’entende quoi que ce soit. Je n’ai rien dit à personne, certaine d’avoir survécu. ” Les lions du Maasai Mara
Suzanne – 1997, Kenya
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