L’idée du voyage en vélo au Sénégal a germé en fin d’année dernière. Cela faisait plus de deux ans que je n’avais pas voyagé à l’étranger à cause de la crise COVID. Le besoin de changer d’environnement, l’envie de revoir un continent qui me tient à cœur, où j’avais vécu de nombreuses années ont alimenté ma décision de prendre du temps pour moi.
Je suis donc parti du 21 mars au 5 avril 2022. L’intérêt d’un voyage réside aussi dans le temps que l’on passe à le préparer. Partir seul à vélo, dans un pays étranger nécessite de préparer avec attention son itinéraire car il n’est pas toujours possible de trouver des hébergements, du ravitaillement et les éléments naturels peuvent parfois être des difficultés à anticiper (chaleur, vent, état des pistes, etc.). J’ai parcouru 800 km en 11 étapes de 50 à 110 km (après un détour).
Je n’avais pas d’objectif particulier à part celui de me faire plaisir, de vivre un séjour avec légèreté et sans contrainte particulière. Partir le matin au lever du jour pour arriver au point d’étape avant que le pic de chaleur de la journée ne soit trop fort. Le premier jour au départ de Podor, la température a quand même atteint les 41°C.
À quelques jours du départ, il y avait à la fois une excitation liée au plaisir de partir et en même temps une certaine appréhension. Est-ce que mon vélo va bien arriver en même temps que moi par avion ? Est-ce que je vais pouvoir débuter mon parcours comme prévu ? N’ayant pas pu me préparer physiquement, est-ce que je vais pouvoir tenir la distance et la chaleur ? J’avais ôté de ma mémoire qu’il pouvait aussi faire très chaud au Sénégal. Il faut toujours quelques temps d’adaptation quand on arrive dans un autre pays. Mais très vite, on retrouve les codes et ces repères qui sont si particuliers à l’Afrique de l’Ouest.
Aujourd’hui, où que nous soyons, nous ne sommes plus vraiment coupés du monde. L’Afrique est hyper connectée. Il est donc facile d’être en lien par téléphone avec ses proches pour donner des nouvelles et partager quelques photos et souvenirs sur les réseaux. Je ne me suis jamais senti seul, mais j’avais un sentiment de liberté que j’avais rarement ressenti. Je n’étais pas attendu, je n’avais pas de compte à rendre, je n’avais plus d’agenda, de rendez-vous, de document à finir, ni même d’horaire pour me reposer ou prendre mes repas. Un certain nombre de contraintes de la vie sociale avait été mis de côté.
Pouvoir choisir ce que l’on souhaite faire quand et comme on le veut est un luxe que l’on ne devrait pas perdre.
Ce voyage m’a permis de me reconnecter à moi-même et de voir qu’il était important de se remettre au centre des priorités.
Il y des invariants en Afrique de l’Ouest. La gentillesse, la simplicité, les parfums, les paysages les codes de communication sont pour moi les mêmes que je connais depuis près de 40 ans. Le Sénégal change bien sûr. Le réseau routier de qualité s’est densifié. Les villages ont très souvent accès au réseau électrique. La pauvreté est encore présente. De nombreux enfants ne vont pas à l’école. L’agriculture vivrière est encore un travail difficile et peu mécanisé. Tandis que des villes se sont transformées par le développement économique et touristique, certains villages, eux, semblent ne pas avoir changé.
Je garde de très nombreux souvenirs de ce voyage. La chance d’avoir pu passer 3 jours de périple avec un ami qui vit à Saint Louis. Nous étions étudiants il y a 40 ans, nous avions vécu de bons moments comme si nous ne nous étions jamais quittés.
J’ai découvert une région du fleuve Sénégal que je ne connaissais pas et j’ai surtout redécouvert un pays sous un autre angle à la vitesse du vélo. Cela change tout dans la perception des éléments et des gens. Tout le monde vous dit bonjour. À aucun moment je ne me suis senti en difficulté ou en danger.
Ce voyage est une aventure ordinaire dans le sens où c’est à la portée de tous. Une envie que l’on écoute. Un peu d’inconscience. Savoir s’entendre : qu’est-ce que je n’ai pas encore fait, que j’ai toujours eu envie de faire et qu’il serait dommage de ne pas faire avant de plus être en mesure de faire ? Voyage en vélo au Sénégal
On rentre chez soi un peu plus équilibré avec soi mais aussi avec ses proches, dans le partage de l’expérience et dans l’écoute de ses besoins et de ses envies.
Un point essentiel, c’est aussi de se remettre au centre du cercle.
Jean-Benoit Portier – 10 avril 2022 🚲 Voyage en vélo au Sénégal
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