L’exploration urbaine, URBEX en abrégé, consiste à visiter les lieux construits et abandonnés par l’homme. Très souvent, ces lieux sont photographiés et une sorte de communauté d’Urbex explorateur s’est constituée grâce notamment à la viralité des réseaux sociaux.
Ces explorateurs contemporains, appelé désormais “Urbexeur”, naissent dans les années 1990 avec un précurseur nommé @Ninjalicious. Leur activité principale est de visiter des lieux abandonnés, interdits pour retrouver un rapport singulier de l’individu à son environnement. Très souvent photographes, les Urbexeurs font revivre les lieux par téléportation de la mémoire humaine. Ils remettent en scène, ré-actionnent le passé.
Ils ne font pas cela par hasard, il y a un code de “bonnes conduites” : préservation du lieu, ne shooter qu’en lumière naturelle, si possible aller dans des lieux interdits donc peu visibles, ne rien déplacer, ne rien changer, laisser le temps organiser la scène, ne rien voler, nous offrir un autre regard sur ces lieux, alimenter l’après humain. Oui c’est interdit mais leur passage ne modifie en rien l’immobilisme du lieu. Ils remontent le temps et déambulent dans ces lieux comme le vent qui souffle à travers les fenêtres cassées d’un vieux manoir.
Finalement, l’exploration urbaine n’est pas nouvelle. Elle est pratiquée depuis des siècles par l’Homme à travers des visites de lieux historiques, de ruines romaines ou d’autres temples épierrés.
La différence majeure c’est que l’orchestration de ces visites touristiques réduit la magie, la lumière et les parfums. C’est l’abandon qui est recherché par les Urbexeurs, il est leur source d’inspiration.
Le champ d’action est tellement vaste que les spécialisations sont apparues. Certains s’orientent uniquement sur les usines abandonnées, d’autres les toits des villes, les égouts et souterrains bien sûr, les lieux militarisés mais aussi les explorations rurales avec des fermes ou des exploitations abandonnées… Beaucoup de “versions” Urbex sont présentes sur ce site :
https://urbexsession.com/
On pratique l’URBEX dans tous les pays du monde mais il y a des spots terriblement attractifs. L’Union Soviétique, la Chine, la Corée du Nord sont réservées aux Urbexeurs…fous. Leurs clichés deviennent des trésors par la dangerosité de leur origine.
L’effet Urbex est enivrant. A travers un cliché d’une villa abandonnée, on a l’impression de revivre les scènes, on plonge présentement dans le passé. L’ivresse émotionnelle est réelle. On se met à penser qu’il faudrait redonner vie à ce lieu dans le futur. Visitez une exposition Urbex, asseyez-vous devant un cliché et vous voyagerez à travers le temps, vous remettrez de la vie dans ces lieux abandonnés.
La mémoire humaine est bien sûr le moteur de cette pratique. Une mémoire qui montre la vanité de l’humanité aussi. Parfois, ce que l’homme construit n’a aucune valeur, aucun intérêt. L’Urbex rappelle ô combien l’Homme tient à montrer sa puissance, son argent aussi par la grandeur de ses constructions mais le temps se charge de faire l’arbitrage entre l’utile et le futile. Le confinement que l’on a vécu à cause de la Covid19 et tous ces lieux qui ont été abandonnéssur ordre nous ont permis de prendre conscience que de nombreuses infrastructures ne servent pas l’humain mais uniquement le consumérisme. L’Urbex, c’est la fin des époques mais aussi des systèmes.
Cela m’amène à cette dernière remarque, le temps, seul, décide de restituer le passé. Merci aux Urbexeurs de nous faire revivre les histoires humaines. On navigue donc sur l’échelle du temps, accrochés à vos clichés terriblement dérou…temps.
C’est bientôt Noël : idées cadeaux sur le thème de l’Urbex.
P&P
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