Cet article est écrit par Julie Guény, Co-fondatrice du site Reliez-vous.
Nous sommes rentrés en contact parce que nos travaux tournent autour de la même passion : pouvoir transmettre son patrimoine émotionnel. Leur solution est physique, la nôtre est numérique mais l’objectif est le même.
Voici un bel article sur le partage. Bonne lecture… ✨
J’aime les histoires banales et ordinaires. J’aime penser que chacun porte une histoire incroyable pour qui sait la raconter. J’ai été fascinée par la lecture de « Les gens dans l’enveloppe » d’Isabelle Monnin. L’auteur invente un roman en scrutant 250 photos achetées dans une brocante. Puis, passionnée par l’histoire qu’elle a inventée, elle se rend sur les traces de ces personnages en retrouvant, via une photo d’église, le lieu réel de leur existence. Quand la fiction retrouve la réalité…
Je suis issue d’une famille où le souvenir compte. On entasse, on garde, on trie sans jeter, on déplace des crasses comme de précieux trésors. Nous vouons une sorte de respect aux objets, témoins du temps et surtout des vies qui les ont entourées.
Ma grand-mère écrivait chaque jour à ses parents. Cette lecture nous a plongés dans une sorte de roman familial où chaque détail a sa place. Ma mère écrivait, pour chacun de ses enfants, ses premiers mots, pas, bêtises, fiertés, rencontres… Et nous avons plaisir à nous relire et nous retrouver dans ses souvenirs.
La biographie ou le désir de l’exhaustivité
En 2010, j’ai eu envie d’écrire la biographie de mes grands-mères.
La première m’a dit : « Je n’ai rien à raconter, ce n’est pas intéressant ». À celle-ci, je regrette de ne pas avoir eu l’idée de poser des questions. De trouver le positif. « De quoi es-tu fière ? Qu’est-ce que tu as aimé ? Quelles sont tes plus belles rencontres ? Ta meilleure recette ? Ce que tu aimerais que je transmette à mon tour à mes enfants » …
Plus tard, j’ai eu la chance de co-signer un jeu avec ces questions « conversationnelles ». Il ouvre des discussions inédites, fécondes, souvent profondes. Je vous invite à essayer. Il existe de nombreuses propositions de jeux. Voici par exemple notre « Dis, raconte » : https://lesfillesdubaobab.com/produit/dis-raconte/
Ma seconde Grand-Mère a accepté sans trop rechigner, pour me faire plaisir probablement ! Assez vite, nous nous sommes prises au jeu de ces entretiens téléphoniques via lesquels je notais ses récits. Ce voyage au cœur de l’intime, même pour une personne enveloppée de la pudeur inhérente au siècle précédent, nous a fait traverser des souvenirs heureux. La biographie impose aussi de traverser, par la chronologie, des événements tristes de l’existence. Est-ce en cela thérapeutique ?
Grand-Mère conclut en ces termes l’ouvrage : « J’ai été ainsi transportée dans certains épisodes de notre vie familiale. Ils avaient été mis en veille depuis fort longtemps, comme peut le faire un ordinateur aujourd’hui. Et, récemment un souvenir m’est revenu, la gentille réflexion, avec une nuance d’étonnement, de Marie, encore petite fille, alors qu’elle était en train de travailler : « Grand-mère, tu dis tout le temps « autrefois » ». Merci donc à ceux et celles qui m’ont aidée à retourner à cet « autrefois » conduisant peu à peu notre famille à un « aujourd’hui » rempli des trésors accumulés pendant toutes les années qu’a parcouru ce petit ouvrage. »
Cette expérience a contribué à renforcer nos liens, j’ai eu la fierté de devenir un peu le porteur d’une mémoire familiale.
Et alors qu’elle a 96 ans aujourd’hui nous lui relisons et sa mémoire est souvent plus intacte dans ces moments de lectures passées que dans le présent…
Voilà les dernières phrases de l’ouvrage, qui vous encourageront peut-être à faire ce travail avec vos grands-parents s’il est encore possible de le faire : « Chacun m’a donné au fil des jours, qu’ils soient loin ou près, des petites pierres précieuses, sans se rendre compte sûrement que c’était pour moi une chose dont j’étais seule à pouvoir apprécier la grande et émouvante valeur. Je pourrais grouper toutes ces attentions reçues et en faire un livre de chevet à conserver près de moi. Ce soir, au terme de ces voyages que j’ai évoqués et en particulier celui qui concerne la relecture de ces 85 années, je n’ai qu’une chose à faire : c’est dire merci pour tout ce que j’ai reçu des uns et des autres, de tous ceux qui composent notre famille mais aussi de ceux que les détours de la vie m’ont permis de rencontrer. Je le range, ce livre, dans mon cœur en leur disant tout simplement : Merci ».
J’ai cheminé ensuite de nombreuses années autour de l’écriture partagée, de la transmission et de l’expression de sa reconnaissance et son amour du vivant des personnes.
Qu’est-ce que l’essentiel ?
Il y a des rencontres au cœur de chacune des vies. Comment se réapproprier les belles rencontres de notre vie. Alors, nous avons lancé Reliez-vous, avec mon associé. Le site Reliez-vous permet de composer à plusieurs un livre d’or en ligne et de recevoir un beau livre imprimé (mariage, anniversaire, départ ou partage de souvenirs).
Reliez-vous permet de se relier à toutes les personnes aimées. En cela, le site Reliez-vous offre, une occasion unique :
- Pour les participants : de raconter ce qu’on sait de la personne à travers des souvenirs.
- Pour le destinataire : de relire son histoire à travers toutes les rencontres de sa vie.
Et la forme que cela prend est un livre… Comme une biographie portée par plusieurs regards ou plusieurs plumes. Des bribes de souvenirs, des souhaits et des vœux, qui racontent un patchwork de la personne.
Quoi de mieux qu’un livre pour raconter ?
Les objets qui racontent
Un artiste m’a dit un jour que le respect que nous portons aux objets est celui aussi que nous portons aux personnes ! En tous cas, s’ils ne parlent pas, les objets racontent aussi une histoire… Comment transmettre et partager vos belles histoires familiales ?
J’ai aimé la lecture de « The Madeleine Project » de Clara Beaudoux. En achetant un appartement, l’auteur découvre dans la cave de sa prédécesseure des tas d’objets dans des cartons et des valises. Objet après objet, l’auteur retrace le puzzle de la vie de cette Madeleine. Et là aussi, elle rencontre ensuite des personnes ayant connu Madeleine de son vivant. Les souvenirs précèdent l’existence. Et c’est amusant de voir comment l’imagination reconstruit le réel. Comment transmettre et partager vos belles histoires familiales ?
Une autre façon de transmettre passe donc par les objets. Connaissez-vous le principe de la capsule temporelle ? J’avais entendu parler de cette pratique par les étudiants diplômés aux Etats-Unis. Si vous voulez tenter l’expérience, essayez ces capsules.
Un été, j’ai invité tous les membres de ma famille à écrire pour leurs enfants, neveux, nièces, petits-enfants… Nous avons creusé un trou dans le jardin et enterré cette « capsule temporelle ». Nous avons pris soin d’y joindre quelques bouteilles de vin (qui ont résisté au repas qui a précédé), mis quelques bricoles et pris la résolution de venir chercher ce trésor aux 18 ans de mon ainée. Nous ne savons pas ce que nous retrouverons mais nous avons passé un bon moment et la perspective de la découverte de ce trésor crée un souvenir à venir !
J’ai aussi aimé et participé récemment à des initiatives de musées qui conservaient par exemple un objet marquant du confinement. J’ai envoyé un texte intitulé « De la farine au musée, mais quelle idée ! » avec le fameux paquet de 5 kilos de farine au Mucem à Marseille.
J’aime l’idée des bébéothèques, un coffre conçu pour rassembler tous les souvenirs d’enfance (https://lepetitpousse.fr/fr/). Preuve en est qu’on a « besoin » d’objets à conserver encore en XXIème siècle.
Comment le digital peut-il alors se positionner dans la conservation de souvenirs ?
Le digital au service de la transmission
J’ai été touchée récemment par une famille dont la maison avait intégralement brulé. Les flammes n’ont rien épargné. Cette famille souhaitait recommander un album Reliez-vous imprimé quelques semaines avant… Nos archives numériques ont permis de retrouver quelques souvenirs en image…
Aujourd’hui de nombreuses initiatives permettent de transmettre par le numérique et les applications fleurissent. On peut se poser la question de la pérennité et de l’empreinte carbone de ces solutions. Quoiqu’il en soit, elles sont indéniablement des vecteurs de transmission, des garde-fous de la mémoire et des invitations à partager aussi au présent.
Le numérique offre de nombreux atouts et permet de :
- Rassembler en un même endroit toutes sortes de souvenirs (en images, en textes).
- Fédérer des personnes éloignées aux quatre coins du monde.
- Conserver en « sécurité » ces données bien ordonnées.
Et c’est ce qui nous relie probablement avec toodays.me : profiter de ces atouts pour rassembler des souvenirs et les transmettre… Nous avons remarqué à quel point ce travail autour des souvenirs était vertueux pour ceux qui participaient comme ceux qui les recevaient… Alors n’attendez plus pour réfléchir, partager et faire vivre vos souvenirs. C’est le ciment des relations humaines. C’est le terreau de nouvelles aventures fertiles. C’est le bain doux dans lequel puiser de l’énergie dans les jours plus gris.
Conjuguer le souvenir au présent
On pourrait dire beaucoup sur les souvenirs. Sur ma table de chevet repose un projet de lecture pour 2022 : « l’art de se créer de beaux souvenirs » de Meik Wiking.
Souvent, je pense souvent à ce beau poème coloré :
Testament… par Maria Helena Vieira da Silva
Je lègue à mes amis
un bleu cæruleum pour voler haut
un bleu de cobalt pour le bonheur
un bleu d’outremer pour stimuler l’esprit
un vermillon pour faire circuler le sang allègrement
un vert mousse pour apaiser les nerfs
un jaune d’or : la richesse
un violet de cobalt pour la rêverie
une garance qui fait entendre le violoncelle
un jaune barite : science-fiction, brillance, éclat
un ocre jaune pour accepter la terre
un vert Véronèse pour la mémoire du printemps
un indigo pour pouvoir accorder l’esprit à l’orage
un orange pour exercer la vue d’un citronnier au loin
un jaune citron pour la grâce
un blanc pur : pureté
une terre de sienne naturelle : la transmutation de l’or
un noir somptueux pour voir Titien
une terre d’ombre naturelle pour mieux accepter la mélancolie
une terre de sienne brulée pour le sentiment de durée
Bref, Comment transmettre et partager vos belles histoires familiales ?
Vivons les amis tant qu’il est temps.
Fabriquons nos souvenirs abondamment
Dans lesquels se replonger délicieusement ! Comment transmettre et partager vos belles histoires familiales ?
Comment transmettre et partager vos belles histoires familiales ?
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